Bonnes pratiques alimentaires
Laurence est une passionnée de chevaux en tout genre, allez…
Bonnes pratiques alimentaires pour favoriser le bien-être de mon cheval ou poney
1ère partie : Comportement alimentaire et importance des fourrages
Si l’état de bien-être est un élément subjectif qui dépend de la perception et du ressenti de sa situation par le cheval, il est maintenant connu que la mise en place de certaines bonnes pratiques peuvent influencer positivement sa vie à nos côtés. Néanmoins, il ne faut jamais oublier que nous évoluons avec des individus, qui ont chacun une personnalité que nous devons observer afin de cerner si notre animal est bien dans son environnement ou non.
C’est notamment le cas pour l’alimentation où la mise en place de certaines bonnes pratiques peut favoriser leur bien-être.
S’alimenter est une composante majeure de sa vie, et elle est très liée à sa santé et au maintien de son moral. Le cheval est un animal herbivore avec un régime alimentaire très varié.
Les observations, effectuées dans les années 80 par Patrick DUNCAN et son équipe sur des chevaux Camargue en semi-liberté, ont montré que les chevaux ne passent, en moyenne, pas plus de 3h30 sans s’alimenter. Leurs observations ont aussi permis d’établir le budget temps du cheval, c’est-à-dire la répartition de ses activités sur 24 heures. En condition naturelle, le cheval passe environ 60% de son temps à s’alimenter. Cela correspond à 16 heures par jour environ.
Une des clés pour le bien-être est de satisfaire les comportements naturels de nos animaux. Tout comportement naturel qui ne va pas être satisfait est susceptible d’engendrer un stress/une frustration. La non prise en compte des besoins propres à l’espèce peut donc générer chez le cheval de l’ennui, du stress et encourager le développement de stéréotypies (tic à l’air, tic à l’appui, langue serpentine…). Cela peut également favoriser l’apparition de certaines pathologies comme les coliques ou les ulcères.
Quelque soit son mode d’hébergement, le cheval conserve son comportement naturel d’alimentation. Il conserve donc le besoin de s’alimenter avec des fibres quasiment en continu.
Le fourrage, élément indispensable de son alimentation
Par fourrage, on entend généralement l’herbe et le foin (herbe séchée). Ces fourrages doivent être la base de l’alimentation du cheval. En effet, l’apport de fourrage en quantité lui permettra de satisfaire son comportement naturel d’alimentation. Il faut aussi souligner que l’ensemble de son système digestif est adapté pour digérer des fibres. Plusieurs études ont montré que l’apport de fourrage en quantité diminue les risques d’apparition de stéréotypies et d’ulcères.
La consommation volontaire du cheval en fourrage se situe entre 2 et 2,5 kg de matière sèche [1]/ 100 kg de cheval par jour. Elle peut même monter jusqu’à 3,5 kg de MS / 100 kg de cheval dans certaines situations.
Au niveau des recommandations, le foin à volonté permet au cheval de pouvoir s’alimenter quand il le souhaite, et de ne pas avoir de période de jeun prolongée. Cela lui permet aussi d’avoir du contrôle sur son environnement. Il « maîtrise » son alimentation et le fait de pouvoir contrôler l’environnement semble, d’après les recherches qui ont été effectuées, important pour son bien-être.
Si le foin n’est pas distribué à volonté, la littérature nous indique des recommandations de minimum 1,5 kg de MS / 100 kg de cheval. Pour un cheval de 500kg la recommandation minimale est donc de 7,5 kg de foin en matière sèche, soit en matière brute (ce que vous allez distribuer) environ 9 kg par jour.
A moins de 1% du poids du cheval en foin les risques d’apparition d’ennui, de stéréotypies, et de pathologies diverses sont très importants !
Comment savoir combien de kilogramme de fourrage je distribue à mon cheval ? Tout simplement … en pesant le foin! Vous serez surement surpris des quantités que vous distribuez !
Bien sûr le fourrage distribué doit être de bonne qualité, préférez le composé d’espèces végétales variées. Il ne doit pas être moisi ou sentir mauvais. Le foin poussiéreux doit être évité.
Autant que possible, le foin doit être distribué au sol ou à hauteur du sol, ce qui permet au cheval d’avoir une position d’encolure plus physiologique.
Si votre cheval est au pré, pensez à la diversité ! Son régime alimentaire est varié, vous pouvez donc agrémenter son pré d’espèces arbustives (arbustes, buissons) par exemple, et favoriser la pousse de végétaux divers.
Du fourrage de qualité en quantité doit être la base de l’alimentation de votre cheval pour favoriser son bien-être, voilà pour la première (et capitale !) bonne pratique à appliquer pour une alimentation répondant aux besoins physiologiques et comportementaux de notre cheval.
Sources bibliographiques :
HARRIS P., COENEN M., GEOR R., 2013. Controversial areas in equine nutrition and feeding management – Section D : Applied Nutrition. Equine applied and clinical nutrition, p455-465
KAYA G., SOMMERFELD-STUR I., IBEN C., 2009. Risk factors of colic in horses in Austria. Journal Animal physiology and animal nutrition, 93, p339-349.
LESIMPLE C., POISSONNET A., HAUSBERGER M., 2015. Bien-être et facteurs d’influence : une étude épidémiologique. Présentation lors des JRE de mars 2015.
ROCHE H., 2014. Mon cheval est-il heureux à l’écurie ? Editions Belin
SARRAFCHI A., BLOKHUIS HJ., 2013. Equine stereotypic behaviors : Causation, occurrence, and prevention. Journal of Veterinary Behavior 8, p386-394
WESKER A (2015). Natural feeding for horses
WOLTER R., BARRE C., BENOIT P., 2014. L’alimentation du cheval, 3ème édition. Editions La France Agricole.
[1] La matière sèche (MS) c’est ce que l’on obtient quand on retire l’eau d’un produit. Le taux de MS du foin est de 85%, celui de l’herbe est d’environ 15%.
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Laurence est une passionnée de chevaux en tout genre, allez on l'avoue un petit (hum très gros !) faible pour les chevaux arabes. Amatrice de découvertes diverses et variées, elle vous les livre et vous raconte ses derniers coups de coeur ou de gueule.