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Le sexe du jockey influence-t-il la performance ?

Le sexe du jockey influence-t-il la performance ?

Le sexe du jockey influence-t-il la performance du cheval de course ? Et qu’en est-il en équitation ?

Nous retranscrivons ici l’excellent article de jourdegalop.com

Bonne lecture !

Depuis une dizaine d’années, la présence féminine s’accroît dans les pelotons, même si, actuellement, plus de 90 % des partants, dans la plupart des nations hippiques, sont montés par des hommes.

Il s’agit probablement d’un préjugé inconscient selon lequel les jockeys masculins sont, en moyenne, physiquement plus « forts », capables de pousser leurs chevaux plus vigoureusement, et apparaîtraient donc comme plus performants dans les courses que les jockeys féminins. Mais les esprits commencent à évoluer et, grâce notamment à des porte- drapeau comme Rachael Blackmore ou de dispositifs comme la remise de poids accordée aux femmes dans certaines courses françaises, les propriétaires et les entraîneurs choisissent de plus en plus des femmes jockeys pour monter leurs chevaux.

Au Royaume-Uni et en Irlande, des recherches antérieures avaient suggéré une sous-estimation de la capacité des femmes jockeys à gagner des courses, telle qu’enregistrée dans le comportement des paris. Toutes choses égales par ailleurs, un cheval de course, lors d’une séance d’entraînement sur piste, serait-il différent sous quelque aspect qu’il soit lorsqu’il est monté par un jockey féminin ou masculin ? Ce cheval aurait-il plus ou moins de chances de gagner une course ?

Charlotte Schrurs, doctorante en physiologie à l’effort chez le pur-sang, et le professeur David S. Gardner, tous deux chercheurs à l’école vétérinaire de l’université de Nottingham, en Angleterre, en collaboration avec Guillaume Dubois (PhD), directeur scientifique chez Arioneo (Paris, France), et une experte en médecine sportive équine (Dr Emmanuelle van Erck-Westergren ; Equine Sports Medicine Practice, Belgique), ont récemment réalisé une étude répondant à ces questions.

Ils ont suivi 530 pur-sang, montés par 103 cavaliers différents (66 hommes ; 37 femmes) sur un total de 3.568 travaux dans une seule écurie (Ciaron Maher Racing) en Australie. Des variables telles que la vitesse, la longueur des foulées, la fréquence cardiaque des chevaux et le taux de récupération ont été enregistrées à l’aide d’un tracker de fitness équin (Equimetre ©, Arioneo). Equimetre est une solution dédiée au suivi de la santé et de la performance du cheval athlète. Développée spécifiquement pour les professionnels des courses, le capteur et la plateforme d’analyse permettent aux entraîneurs de collecter et d’analyser les données de leurs chevaux simplement et rapidement (www.arioneo.com).

Ces scientifiques ont constaté que le sexe du jockey n’avait aucun effet sur les résultats mesurés objectivement, qu’il s’agisse de galops de chasse ou de canters soutenus sur la piste. Cette absence d’effet du sexe du jockey à l’entraînement se traduirait-elle également dans les résultats réels des courses, où de nombreuses autres variables entrent en jeu ? L’analyse des résultats de 52.464 courses montre que les jockeys féminins ont un pourcentage de victoires (sur le nombre total de départs) similaire à celui des jockeys masculins au Royaume-Uni (10,7 % pour les femmes et 11,3 % pour les hommes). En Australie, les jockeys masculins avaient un pourcentage de victoires légèrement plus élevé (11 % contre 9,9 %), mais ce résultat était annulé par la prise en compte des trois premières places. Dans l’ensemble, les chercheurs ont constaté un effet minime du sexe du jockey sur les résultats de l’entraînement et des courses.

Certains effets assez surprenants ont été observés. Par exemple, la récupération de la fréquence cardiaque des chevaux après l’effort semblait influencée par le sexe du cavalier, mais uniquement lorsque l’intensité de l’effort sur chaque surface de piste (gazon ou sable) était inversée. Les cavaliers masculins, plus que les femmes, ont peut-être anticipé l’intensité du travail « attendu » (par exemple, un canter soutenu sur gazon) et leur anticipation a été transmise fidèlement au cheval, qui a répondu par une fréquence cardiaque plus ou moins élevée. Des travaux supplémentaires sont toutefois nécessaires pour confirmer cet effet. Si l’on considère l’ensemble des séances d’entraînement, aucune différence dans les taux de récupération attendus des chevaux n’a été constatée entre les jockeys masculins et féminins.

L’étude, actuellement en cours de révision par les pairs, est la première à évaluer objectivement si le sexe du jockey exerce une influence sur un aspect quelconque de la physiologie et de la performance des chevaux de course. Les données suggèrent de manière convaincante que la réponse est non et offrent une nouvelle perspective sur l’équilibre possible entre les jockeys masculins et féminins sur la ligne de départ des courses.

Charlotte Schrurs (PGDip Vet Phys, MSc), auteur principal de l’étude avec le professeur David S. Gardner, explique : « Les efforts visant à favoriser un environnement de course plus « inclusif » contribueraient grandement à l’égalité des chances pour les jockeys femmes et à la promotion d’une compétition équitable dans ce sport hautement populaire et fascinant. »

L’étude complète, provisoirement publiée sous forme de pré-impression, peut être consultée ici : https://www.researchsquare.com/article/rs-1341860/v1

Toutes questions relatives à l’étude peuvent être adressées à Charlotte Schrurs et au professeur David S. Gardner de l’école vétérinaire de l’université de Nottingham : charlotte.schrurs@nottingham.ac.uk et david.gardner@nottingham.ac.uk.

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