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L’alimentation du cheval en randonnée

L’alimentation du cheval en randonnée

L’alimentation du cheval en randonnée doit être très attentivement gérée. Le choix des aliments (qui parfois varient au gré des aléas de l’approvisionnement) ainsi que leur mode de distribution doivent être aider à prévenir les pathologies telles que les coliques et la fourbure, dont l’apparition peut d’ailleurs être favorisée par les changements de régime et de lieu.
Nous resterons sur l’aspect pratique de l’alimentation en voyage qui nous intéresse ici.
Sauf dans certains cas ou certaines situations ponctuelles, la randonnée constitue une effort lent et prolongé, parfois très important. A ce titre, le cheval doit recevoir une ration énergétique pluri-quotidienne. Seuls les poneys rustiques effectuant des étapes courtes peuvent se contenter uniquement de l’herbe d’un pré ou d’une ration de foin.

L’approvisionnement

Bilan Alimentaire du cheval


Le problème de l’approvisionnement est à envisager de manière très différente selon le mode de randonnée choisi.

Si vous vous disposez d’une voiture suiveuse, les choses seront évidemment plus simples : il suffira à votre intendant de remplir son véhicule des sacs d’aliment nécessaires à la durée du voyage prévu. Ainsi, vous aurez l’assurance que votre cheval consomme toujours l’aliment qui lui convient.
L’intendant peut aussi se réapprovisionner régulièrement. Il cherchera alors à acheter un aliment équivalent à celui dont le cheval a l’habitude. S’il dispose d’un véhicule assez spacieux, il peut même acheter du foin chez un marchand de fourrage, ou à des fermiers (qui acceptent en général volontiers d’en céder deux ou trois bottes). Mais attention ! Le foin de l’année, récolté depuis moins de deux mois, provoque presque immanquablement des coliques.


Si vous n’avez pas de voiture suiveuse, les choses se compliquent.


Si votre randonnée ne couvre pas un grand territoire et que les étapes ont été décidées à l’avance, vous pouvez, avant le départ, passer chaque jour au gîte prévu et y déposer une ration calculée pour assurer le repas du soir, celui du lendemain matin, et celui de midi à emporter dans vos sacoches. Votre tranquillité sera ainsi assurée, d’autant que vous aurez pu jeter un coup d’œil sur l’écurie ou le pré proposé.

Si vous avez prévu de faire vos étapes uniquement dans des lieux équestres (gîtes spécialisés, clubs hippiques, écuries de propriétaires…) tout sera assuré.

Si vous randonnez en attelage et si votre périple est relativement court, vous pouvez emporter toute votre provision d’avoine ou de granulés. Un sac de 50 kilos se transporte facilement à bord d’une quatre-roues (et même d’une deux-roues spacieuse) et représente environ une semaine d’autonomie pour un cheval seul.

Si votre randonnée est longue et n’est peu ou pas préparée, vous devrez vous débrouiller au jour le jour. L’approvisionnement pourra être capricieux, voire hasardeux. Ce type de randonnée n’est envisageable qu’avec des chevaux rustiques. Les aliments dont le cheval n’a pas l’habitude peuvent favoriser les coliques, les diarrhées, la fourbure, la baisse d’état…

En outre, le stress entraîné par les continuels changements de lieu favorise lui aussi le risque de coliques. Essayez donc d’assurer à votre cheval un approvisionnement aussi homogène que possible. Mettez le cheval au pré chaque fois que vous en avez l’occasion, mais sans le laisse prendre une « ventrée » d’herbe s’il n’a pas été au pré depuis longtemps.

La ration énergétique

Les besoins alimentaires du cheval en randonnée dépendent étroitement de l’intensité du travail et du type de cheval utilisé.

De nombreuses méthodes (notamment celle du calcul des unités fourragères) permettent de déterminer la ration énergétique nécessaire à un cheval au travail. Ces méthodes sont imparfaites car elles se calculent uniquement en fonction du poids de l’animal et du travail fourni, sans tenir compte de la race du cheval, de sa rusticité et des différents paramètres liés à la randonnée : le climat (froid, vent…) le mode de vie (stabulation, mise au pré le soir), etc. C’est donc le bon sens et non les chiffres aveugles qui vont nuancer l’établissement des rations.

Calculez toujours la ration en kilos et non en litres l’aplatissage ou le concassage des céréales modifie leur volume.

Les rations de foin n’ont pas à être calculées avec autant de précision. Une dose quotidienne de 5 kilos environ conviendra à tous les chevaux. La paille pourra être distribuée généreusement mais sans excès (risque de bouchons intestinaux.)

Alimentation : La répartition des repas


Il n’est pas nécessaire d’attendre deux heures pour « laisser le cheval digérer » après son repas avant de se mettre, ou se remettre, en route. D’une part, cette notion est sans fondement puisqu’en réalité la digestion complète d’un repas nécessite douze heures et que, de toute façon, le cheval doit être échauffé progressivement au départ. D’autre part, ne donner que deux repas par jour relève de la méconnaissance de la physiologie et des habitudes alimentaires des équidés, qui doivent manger peu à la fois et presque constamment. Comment espérer faire parcourir 30 ou 40 kilomètres à un cheval en le laissant sans manger presque toute la journée et en lui donnant ensuite un repas forcément trop copieux ?


Trois repas par jour au moins sont donc indispensables. Une halte permettant de nourrir le cheval à la mi-journée ne demande pas un long arrêt : moins d’une demi-heure suffit pour laisser le cheval manger son avoine dans sa musette.

Lorsque les étapes sont dures, il est recommandé de donner quatre repas par jour. Cette méthode est celle qui permet de donner au cheval le meilleur soutien alimentaire sans risque de surcharge. La répartition des repas pourrait suivre le schéma suivant, modulable en fonction des aléas de route, du temps qu’il fait et de la longueur de l’étape : un repas le matin, un autre à midi (de volume variable selon la durée de l’arrêt) un repas en arrivant à l’étape et un dernier vers 22 heures.

Type d’alimentation


L’alimentation « traditionnelle » (foin-paille-céréales) reste très appréciée de nombreux soigneurs. Toutefois, en randonnée, ce schéma peut être difficile à mettre en oeuvre, à moins d’emporter toute l’alimentation dans une voiture suiveuse. Dans une randonnée de gîte en gîte (et plus encore en cas de randonnée « sauvage »), il sera quasi-impossible de se fournir en céréales.

L’autre avantage de l’aliment « complet » est qu’il remplace partiellement le foin. Certes, il est préconisé de donner quand même du foin afin d’assurer le lest indispensable au bon fonctionnement de l’intestin, mais en randonnée, si l’on pas de foin, les granulés permettent à l’alimentation d’être un peu mieux équilibrée, surtout si l’on a l’occasion de laisser le cheval brouter un peu.

C’est pourquoi, il semble judicieux de renoncer à l’alimentation traditionnelle pendant une randonnée. Mais ce changement d’habitudes alimentaires doit avoir été préparé avant le départ : réduisez progressivement, sur une semaine environ, les quantités de céréales, en y substituant de l’aliment complet. Bien entendu, après la randonnée, la reprise de l’alimentation traditionnelle se fera également de façon progressive.

Les aliments « normaux »…et les autres
Lors de votre périple, et au gré des aléas de l’approvisionnement ou de ce que l’on vous proposera dans vos divers points de chute, cherchez toujours à donner à votre cheval un aliment classiquement considéré comme « normal » pour lui: granulés, orge, avoine, foin, pailles (en quantité modérée). En somme, un retour provisoire au « traditionnel ».

L’avoine : c’est un classique. Sachez toutefois que cette céréale a la réputation d’être excitante, surtout chez un cheval qui n’y est pas habitué.
L’avoine doit avoir été récoltée depuis plus de quatre mois.


L’orge : c’est un aliment de choix, qui ne peut suffire à une alimentation équilibrée, mais rend service en randonnée. Moins excitante que l’avoine, c’est également un aliment grossissant, qui peut être recommandé aux chevaux ayant tendance à perdre de l’état.
L’orge est un grain dur, qui ne doit jamais être donné tel quel. Si vous faites étape dans un établissement équestre, l’orge que l’on vous proposera sera toujours concassée ou trempée: il n’y a alors aucun problème. Mais si vous achetez l’orge dans une ferme ou une coopérative, vous devrez soit vous arranger pour la faire concasser, soit la faire tremper deux heures avant de la donner au cheval.

Dans certaines coopératives, il est difficile de trouver de l’orge entière ou concassée: c’est le plus souvent de la farine d’orge que l’on vous proposera. Vous pouvez parfaitement l’utiliser, à la condition de la servir dans un seau, très largement mouillée. Mélangez bien, attendez quelques minutes et rajoutez éventuellement de l’eau pour qu’il s’agisse d’une « bouillie» très fluide et non d’une sorte de pâton qui pourrait provoquer une obstruction de l’œsophage.

Le foin. Un bon foin de prairie reste un aliment irremplaçable.

La luzerne est une légumineuse très riche en azote que l’on peut donner en remplacement du foin, mais en quantité moindre.


Les fourrages déshydratés (bouchons de luzerne) ne doivent pas être confondus avec les granulés : ils ne remplissent pas le même office, mais peuvent dépanner en randonnée, donnés en quantité raisonnable.

Les floconnés sont des aliments qui peuvent être précieux pour soutenir l’effort durant une randonnée prolongée.

Voir également

Les pailles : La paille de blé et la paille d’orge sont de valeur nutritive similaire. La paille d’avoine est plus nourrissante.
Ne donnez pas de paille de seigle aux chevaux: les épis pouvant subsister sont porteurs de barbes risquant de boucher un canal salivaire.

La paille n’est pas indispensable en randonnée. Toutefois, elle est utile en complément des granulés si le cheval ne peut manger ni foin ni herbe. Elle présente aussi l’avantage d’occuper le cheval.

L’alimentation de dépannage
Hors de ce schéma, tout ce que vous pourrez donner relèvera du dépannage. Cette hypothèse doit être envisagée si vous randonnez sans intendance, dans une région ou un pays où l’approvisionnement est difficile.

Le maïs : c’est la céréale la plus énergétique. Mais c’est également un grain très dur, qu’il faut impérativement concasser. Toutefois, si l’on n’a rien d’autre à proposer, on peut donner trois ou quatre épis de maïs entiers avec leurs feuilles à un cheval qui n’a pas de problèmes dentaires.

A la saison, le maïs peut aussi se donner « plante entière » : deux ou trois épis demandés au cultivateur forment un honnête repas, que le cheval appréciera.

Ce que l’on peut donner :
Le son : deux ou trois kilos de son, obligatoirement « frisé » (mouillé), constituent une ration qui contentera le cheval mais sera moins énergétique et légèrement laxative.
– Les carottes : elles sont excellentes pour le cheval. Ajoutées à la ration normale, c’est une gâterie; en remplacement de la ration, elles sont évidemment moins énergétiques. Mais 4 kilos de carottes constituent un dîner appréciable … et apprécié!
– Les betteraves: 2 ou 3 kilos de betteraves émincées, pour un cheval qui n’est pas fragile.
Les pommes, les poires : excellent dîner improvisé!
Le pain : fractionné, il représente une ration énergétique. Trois ou quatre baguettes, deux ou trois pains de seigle constituent un bon dépannage. Demandez toutefois au boulanger de vous vendre du pain rassis.

Ce que l’on peut donner à la rigueur
Le sucre: c’est un aliment de l’effort. Mais 2 kilos peuvent aider le cheval à tenir jusqu’au lendemain, avec de la paille ou un peu d’herbe.
Les tourteaux de tournesol peuvent être donnés en petite quantité, faute de mieux.
Les tourteaux de lin ne doivent pas être donnés sans être cuits: leur emploi est délicat.
– Les pommes de terre: il n’est pas inconcevable de donner 2 kilos de pommes de terre coupées en deux à un cheval très rustique.
– Enfin, 1 kilo de riz, deux ou trois paquets de spaghetti crus, 1 kilo de pois cassés peuvent être prélevés sur vos propres provisions et donnés au cheval faute de mieux!

Ce qu’il ne faut jamais donner
– Le blé : gros risque de fourbure
– Le seigle (barbes), le blé (gros risques de coliques ou de fourbure), l’herbe coupée ayant traîné, les denrées de qualité douteuse, les granulés périmés ou stockés dans de mauvaises conditions…
– Les céréales-semences : celles-ci sont traitées, ne les donnez pas.
– L’ensilage de maïs: couramment donné aux bovins, il y en a dans toutes les fermes; il est toutefois très déconseillé d’en donner aux chevaux, dont le système digestif est tout à fait différent.

Contrôler la qualité des aliments

Contrôlez l’aspect : écartez les céréales dont les grains sont mats, mous, humides, glissant mal entre les doigts (on dit que l’avoine « manque de main») ou poudreux; écartez le foin cassant, noirci.


Contrôlez l’odeur: céréales ou foin répandant une odeur de moisi ou une odeur nauséabonde (parasites, déjections de souris).

Plongez la main dans le coffre à grain : toute impression de chaleur doit vous alerter.

Vérifiez la date de péremption des sacs de granulés (portée sur l’étiquette) et les conditions de stockage (sac traînant sur un sol humide, poussière, etc.).

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