Jean-Louis Gouraud: abécédaire
Laurence est une passionnée de chevaux en tout genre, allez…
Connaissez-vous Jean-Louis Gouraud ?
Né à Paris en 1943, journaliste au Figaro , à l’hebdomadaire Jeune Afrique , Jean-Louis Gouraud se considère « comme un représentant des quadrupèdes dans le monde des bipèdes; comme l’avocat des chevaux dans un univers dirigé par les hommes; comme un ami des cavales, un hippomane, un hippanthrope ».
Homme de voyages, de passerelles, d’interstices, il est passionnant !
Le 1er mai 1990, il quitte la région parisienne avec deux chevaux Prince de la Meuse et Robin , destination l’URSS. Premier «Occidental» autorisé à entrer à cheval en Union Soviétique , il arrive à Moscou le 14 juillet 1990 après un parcours de 3 333 kilomètres en soixante-quinze jours. Ce fut un « plaisir de pérégriner à travers l’espace et le temps, les émotions de la découverte des replis de l’âme russe, le bonheur de voyager avec des chevaux, ces êtres innocents. » écrit-il.
Depuis ce jour, il ne cesse de voyager dans ces contrées. Ses pérégrinations l’ont mené de la Carélie à la Bouriatie, de la Volga au lac Baïkal, de la Kalmoukie à la Iakoutie, avec un point commun… : le CHEVAL .
Comme éditeur, il a publié près de 200 ouvrages consacrés au cheval ! Et comme écrivain, il est l’auteur d’une bonne vingtaine d’ouvrages. « Et j’ai l’impression de n’avoir toujours pas épuisé le sujet » dit-il ! Il a ainsi dirigé plusieurs collections consacrées au cheval : la collection « Caracole » aux éditions Favre, la collection « Cheval-Chevaux » aux éditions du Rocher, et aujourd’hui, il s’occupe de la collection « Arts équestres »chez Actes Sud. Certains de ses livres ont été traduits au cinéma !
En 2007, il est nommé Chevalier de l’ordre des Arts et des lettres. En 2012, il milite pour la création d’un Monument au cheval inconnu (sculpture de Jean-Louis Sauvat), projet officiellement inscrit au programme de la célébration en 2012 du bicentenaire de la Batalille de Borodino. Et en 2013, il reçoit le Prix Renaudot du livre de poche pour « Le Pérégrin émerveillé ».
Vous l’aurez compris, Jean-Louis Gouraud aime passionnément les chevaux.
Son dernier ouvrage (« Le cheval en toutes lettres » / éditions Descartes & Cie / 2019) est un recueil de chroniques auquel il a justement donné la forme d’un abécédaire. On y trouve des allusions plus ou moins longues à la vingtaine de personnages (des écrivains pour la plupart) mentionnés ci-dessous, allusions, citations, qu’il est allé cherché pour vous.
Un vrai régal !
L’ABECEDAIRE DE JEAN-LOUIS GOURAUD
A
comme Aïtmatov Tchinguiz
Auteur de « Adieu Goulsary » (Le Rocher, 2012), la plus belle histoire d’amour entre un homme et un cheval, un berger kirghize et son compagnon appelé Goulsary (= bouton d’or).
B
comme Binding Rudolf
Auteur du « Traité d’équitation pour ma bien-aimée » (Le Rocher, 2015), mêlant préceptes équestres, leçons amoureuses et envolées fulgurantes, un chef-d’œuvre de la littérature allemande.
C
comme Céline Louis-Ferdinand
Céline est l’auteur de la phrase « C’est pas con un cheval, c’est pas con ! », que j’ai osé utiliser pour titre d’un de mes recueils de chroniques (Le Rocher, 2003). Je lui devais donc bien le présent hommage !
D
comme Donner Christophe
Utilisateur de l’autofiction dans d’excellents romans pour adultes, Christophe est aussi l’auteur d’excellentissimes romans pour la jeunesse, parmi lesquels deux chefs-d’œuvre de tendresse et de justesse, « Le cheval qui sourit » et « Tempête au haras » (tous les deux parus à l’Ecole des Loisirs).
F
comme Flaubert Gustave
… auquel l’essayiste Pierre-Marc de Biasi a consacré un ouvrage formidable, « Flaubert, une manière spéciale de vivre » (Grasset, 2019), dans lequel il explique que l’écrivain ne fut pas seulement cavalier : « Il fut cheval ! »
G
comme Gheorghiu Virgil
Auteur d’un pur chef-d’œuvre, « Les noirs chevaux des Carpates » (Le Rocher, 2008), dans lequel il raconte l’histoire à la fois grandiose et tragique d’une dynastie de montagnardes courageuses, déterminées à faire vivre envers et contre tout l’élevage de chevaux dont elles ont hérité.
H
comme Hannibal
… qui, malheureusement, n’a laissé ni souvenirs ni traités d’équitation, mais sut mener sa formidable cavalerie berbère de l’Afrique du Nord jusqu’aux portes de Rome, laissant des traces de son passage en Espagne, où naquit plus tard le cheval andalou, en France, où certains discernent des origines barbes dans le cheval camargue, et en Italie, où le cheval napolitain est un probable lointain descendant des chevaux venus d’Afrique du Nord.
J
comme Jammes Francis
Auteur (en 1927) d’un très beau poème, « Le paradis des bêtes », dans lequel les chevaux vivaient paisiblement : « Il n’y avait pas d’homme dans ce Paradis » !
K
comme Kadaré Ismaël
Auteur d’une œuvre considérable, l’illustre écrivain albanais prévoit que si un jour les chevaux se mettaient à parler et à raconter les horreurs dont ils ont été les témoins, ce serait un grand danger pour l’humanité !
L
comme Leskov Nicolas (1831-1895)
Un des plus grands écrivains russes, à placer au même niveau que les Dostoïevski, Tchekhov, Tolstoï ou Tourgueniev, il est l’auteur, notamment, d’un merveilleux petit roman dont le titre, « Le vagabond enchanté », m’a inspiré celui de mon récit de voyage à cheval de Paris à Moscou : « Le Pérégrin émerveillé ».
M
comme Montaigne
… dont plusieurs écrivain d’aujourd’hui ont absolument tenu à faire un grand cavalier, alors qu’il n’était (comme il le reconnaît lui-même) qu’un médiocre homme de cheval.
Rendons tout de même hommage à celui qui a écrit : « Si les destins me laissaient conduire ma vie à ma guise, je choisirais à la passer le cul sur la selle. »
N
comme Napoléon
Un peu à l’inverse de Montaigne, dont on a voulu faire un homme de cheval, beaucoup s’acharnent de nos jours à dire et répéter que Napoléon était un piètre cavalier. Ce qui me paraît assez farfelu, à propos d’un homme qui a sillonné à cheval l’Europe en tout sens pendant une bonne vingtaine d’années, couvrant au galop des dizaines de milliers de kilomètres. Lequel, parmi ses détracteurs d’aujourd’hui, serait capable de rester en selle – comme il le faisait couramment – douze heures de suite ? Non seulement Napoléon était un extraordinaire cavalier, mais il était aussi un fin connaisseur des chevaux, avec une nette prédilection pour les chevaux orientaux.
P
comme Pluvinel (Antoine de -)
Auteur d’une des œuvres majeures de la littérature équestre, sous forme de ses entretiens avec son auguste élève, le futur roi Louis XIII : « L’Instruction du Roy en l’exercice de monter à cheval », paru en 1625.
R
comme Racinet Jean-Claude
Je dois beaucoup à Jean-Claude Racinet. En matière équestre, je lui dois tout. C’est lui qui m’a initié à l’art de l’équitation, à la connaissance des chevaux – autant dire : au bonheur. Ce fut un ami, ce fut un maître. Et moi, je fus pour lui un éditeur, publiant deux de ses œuvres majeures : « L’Equitation de légèreté » (Favre, 1991) et « Trente-cinq propositions insolentes pour comprendre l’équitation » (Favre, 2007).
S
comme Scali Marion
Elle aussi admirait beaucoup Jean-Claude Racinet. Elle aussi fut une amie très chère. Pour elle aussi, je fus un éditeur, publiant un recueil de ses chroniques acidulées qui firent, pendant trois ans, les beaux jours du magazine Cheval pratique sous le titre « En équitation, le problème, ce n’est pas le cheval, c’est le cavalier » (Favre, 2012).
T
comme Tolstoï Léon
Tout le monde connaît cet écrivain, dont on sait qu’il fut, avec Shakespeare, Dante, Cervantes, Balzac, Hugo et quelques autres un des personnages les plus importants de la littérature mondiale. Peu de gens savent qu’il fut aussi un excellent cavalier, un véritable homme de cheval… et le porte-parole de l’un d’eux, appelé Kholstomer, dont j’ai édité une traduction en français sous le titre « Quand les chevaux parlent aux hommes » (Le Rocher, 2003).
V
comme Veillères Claire
Cavalière, violoniste, écrivaine, Claire Veillères (qui occupe, « dans le civil », d’éminentes fonctions à l’Institut Français du Cheval et de l’Equitation) a l’art d’exprimer avec délicatesse les sentiments qui lient les hommes (et les femmes) entre eux, et ceux qui les lient aux animaux : aux chevaux en particulier. Cet exceptionnel talent lui a valu le Prix de la Nouvelle de l’Académie française pour son recueil « Une poule rousse » (éd. du Contrefort). Elle est aussi l’auteur d’un roman captivant où il est question de… « la Capture » d’un cheval (Le Rocher).
W
comme Wirth Adeline
Une autre écrivaine-cavalière dont je suis fier d’être l’éditeur : Adeline, ancienne championne de France de CSO. Dernier titre paru : « Sept cavalcades » (Le Rocher), recueil de sept nouvelles subtiles évoquant les sept péchés capitaux, en relation avec le cheval.
X
comme Xénophon
Dès le IVe siècle avant Jésus-Christ, il avait déjà tout dit dans son traité d’équitation, le plus ancien du monde (après celui de Kikuli – qui est d’ailleurs plus une sorte de programme d’entraînement qu’un véritable traité). Xénophon, en effet, y explique que si l’on veut obtenir quelque chose de son cheval, la force ne servira à rien. Utilisons plutôt la douceur et la patience. Je recommande la lecture de « L’intégrale de l’œuvre équestre » de Xénophon, présentée par Alexandre Blaineau, que j’ai éditée en 2011 (Actes Sud).
Z
comme Zingaro
Zingaro est le nom d’un cheval. Un cheval noir, tout noir, ayant appartenu à Bartabas, qui donna son nom à sa troupe de théâtre équestre. Si ce cheval extraordinaire n’a rien écrit, il a en revanche inspiré de nombreux écrivains (Jérôme Garcin, Sophie Nauleau, André Velter, etc.), sans compter les sculpteurs, les photographes, les dessinateurs.
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Laurence est une passionnée de chevaux en tout genre, allez on l'avoue un petit (hum très gros !) faible pour les chevaux arabes. Amatrice de découvertes diverses et variées, elle vous les livre et vous raconte ses derniers coups de coeur ou de gueule.